Dirty John ou la fin de la glorification des bad boys

Si t’es toujours intriguée par les émissions inspirées de faits vécus, tu seras servie par celle de Dirty John. Manipulateur hors pair, le protagoniste utilise les faiblesses de ses conquêtes pour s’enrichir et s’en sortir presque toujours indemne grâce à sa sélection de proies vulnérables au gros portefeuille. T’es déjà à cran? T’as encore rien vu!

Crédit: IMDB


Une perfection imagée, une vision brouillée

À première vue, Debra semble avoir trouvé la recette du succès avec sa carrière impressionnante, sa magnifique maison californienne, ses enfants qu’elle adore et le montant de son compte de banque. Tout ce qui lui manque, c’est quelqu’un avec qui partager tout ça au quotidien. Elle rencontre John sur un site de rencontre et après plusieurs rendez-vous infructueux avec d’autres hommes, celui-ci semble parfait… sur papier.

Je t’imagine déjà rouler les yeux à la lecture de cette phrase. Pourtant, combien de fois quand on était plus jeune, on a décliné des deuxièmes dates ou on a raccourci la première parce que la personne devant nous ne représentait pas exactement l’idée qu’on se faisait de notre prétendant de rêve? Parce qu’il n’était pas parfait sur papier ou qu’il ne correspondait pas à quelques critères banaux sur notre wishlist mentale? Pas assez grand, trop poilu, voix trop aiguë, pas assez ambitieux, pas de diplôme, etc. On s’entend qu’on a tous des turn-offs non négociables, mais il y a probablement plusieurs personnes que tu n’as pas rappelé pour des raisons un peu plus superficielles si t’es honnête avec toi-même.

La glorification des séries télévisées

On a toutes ou on connaît toutes aussi quelqu’un qui a eu ce genre de réflexion, comme on connaît toutes quelqu’un qui a voulu « réparer » un bad boy. Avec le décès de Luke Perry (alias Dylan dans Beverly Hills et Fred Andrews dans Riverdale) récemment, les Internets ont explosé de réactions de quarantenaires maintenant bien rangées qui ont succombé aux charmes de son personnage de rebelle au cœur tendre lorsqu’elles étaient adolescentes. Dylan a fait craquer plusieurs femmes de l’âge de nos mères qui ont choisi inconsciemment des hommes qu’elles croyaient capables de changer elles aussi. Tout comme nos héros de One Tree Hill, The OC et Gossip Girl nous ont fait glorifier les histoires d’amour dramatiques et les bad boys au cœur tendre.

Bref, revenons-en à Dirty John, ce sociopathe se croyant tout permis chamboule la vie de Debra, en accélérant leur relation à une vitesse alarmante pour ensuite l’isoler complètement de sa famille. Malgré les réactions de ses enfants inquiets et les révélations troublantes sur le passé de John, Debra choisit tout de même de rester avec lui lorsqu’elle apprend que son identité est un mensonge. La violence psychologique que John lui fait subir et le climat de peur dans lequel elle vit est presque insupportable à regarder. On voit souvent le cliché de femmes dans la misère qui sont avec des époux abusifs, mais dans le cas de Debra, on nous fait voir que cela peut arriver à tout le monde, même à des femmes d’affaires fortes.

Le paradoxe de la beauté

Ce qui est inquiétant dans tout ça, c’est le paradoxe de la beauté. On rappelle à plusieurs moments dans l’émission tout comme dans le documentaire sur le véritable John, qu’il a réussi à se sortir de plusieurs situations et à troubler de nombreuses femmes parce qu’il paraissait bien. C’est alarmant de constater qu’on a tendance à moins se méfier des gens qu’on trouve attirants. Ce qui m’amène à me demander si on n’est pas tous un peu touchés par ce phénomène (à plus petite échelle, on s’entend). Même avec toutes les meilleures intentions du monde, tu serais probablement creep out par quelqu’un pour qui tu n’as aucune affection (et qui ne t’attire pas pantoute) qui te texte bon matin chaque jour, qui t’apporte des fleurs au bureau par surprise, qui te demande de te voir fréquemment ou qui veut rencontrer ton entourage rapidement, non?

La beauté, c’est relatif et on est d’accord là-dessus. Ça dépasse aussi ce qui peut être vu par les yeux. Ce qui fait la différence, c’est comment la personne nous fait sentir et c’est exactement ce sur quoi John a joué. Du côté de Debra, son amour des belles choses l’a rendu aveugle et l’a empêché de voir tous les red flags qui sautait pourtant aux yeux. Elle reste avec John parce qu’elle se dit qu’elle peut le réparer. En le sauvant, elle pourra se sauver elle-même elle aussi et finir par avoir son happy ending.

2019 : La fin du règne des bad boys

Et au fond, je l’ai jugé un peu vite. On a toutes déjà été trop patientes avec quelqu’un qui nous faisait attendre ou qui ne nous méritait pas. On a toutes déjà craqué pour un rebelle ou un incompris, au nom d’une connexion unique. Pour les plus chanceuses, on a su se tanner rapidement, passer à autre chose et comprendre que l’amour n’est pas censé être compliqué et dramatique pour être romantique. Et surtout, il y a des choses qui ne se pardonnent tout simplement pas. Que ce soit un amoureux, une amie ou un membre de notre famille, quand quelqu’un dépasse notre limite, on n’est vraiment pas obligés de l’excuser au nom du nombre d’années ou de péripéties qu’on a partagées, d’un lien de sang ou d’une connexion supposément exceptionnelle. Des gens toxiques, il y en a partout et malheureusement parfois on les connaît de plus près, mais ce n’est pas une raison de garder cette énergie négative dans nos vies trop longtemps pour s’éteindre nous-mêmes à petit feu.

Bref, la fin de Dirty John est percutante et vaut vraiment la peine d’écouter les 8 épisodes. J’étais sur le bout de mon sofa tout au long du visionnement. Un vrai suspens qui dure jusqu’à la toute fin et une histoire vraie qui se termine « bien » contre toute attente. Comme quoi quand on s’arme de courage et qu’on fait face à la vérité, on ne peut qu’en sortir plus forte et grandie!

Photo du début: IMDB

Photo de couverture/à la une: Telerama.fr

Marie-Joëlle Pratte
Marie-Joëlle Prattehttp://lespaceurbain.com
Rédactrice + éditrice de contenu à temps plein et globe-trotteuse à temps partiel, je rêve de l’Indonésie et de… Poudlard. 90’s girl assumée, découvrir de nouvelles destinations me permet de faire le plein d’inspiration (et d’écrire des romans). Foodie à mes heures, je dévore autant de livres que de séries télé, mais je ne suis jamais rassasiée de nouvelles aventures au bout du monde avec mon amoureux!

Similar Articles

Comments

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Instagram

Les plus récents