Être préposé aux bénéficiaires, oui c’est difficile, mais…

Une vocation qu’ils disent… C’est triste de se dire qu’il fallait une pandémie pour réaliser le travail merveilleux du personnel du milieu de la santé. En effet, ça date d’il y a bien longtemps avant la crise ce manque de personnel, surtout dans les résidences pour aînés. Ayant été préposée aux bénéficiaires durant deux ans, je peux que confirmer la triste vérité.

« T’es seulement payé 12,50$, ça pas d’allure ? »

Ouais, ça pas d’allure, mais moi ce que je trouvais qui avait pas d’allure c’est que les personnes qui écopaient c’était les résidents. Pleurer une coupe de fois dans les toilettes parce que c’était trop. Parce que j’avais 22 personnes en perte d’autonomie à ma charge en plus de la prise de médicaments, car une des filles n’était pas rentrée. Parce que j’avais pas le temps de prendre le temps. Ça me déchirait de devoir couper court à une conversation qui réchauffait le coeur à quelqu’un.

Malgré tout, je me devais de demander si les Canadiens avec gagné à soir? Si leur fille était passée aujourd’hui et comment elle allait? Est-que le casse-tête qu’il faisait avançait comme il voulait? Wow, vous vous êtes coupé les cheveux? C’est votre fille qui vous les a fait? « En tout cas, moi je ferais pas ça changer des couches… » Parce que c’était beaucoup plus que ça.

Partager cette intimité et ce moment de vulnérabilité avec une personne qui doit laisser son orgueil de côté, c’est un privilège. Accompagner quelqu’un dans ses derniers jours, c’est le plus beau salaire du monde. Voir que cette personne laissera sa douleur s’éteindre pour aller rejoindre la lumière, c’est le plus grand soulagement. Mais je crois qu’il faut vraiment le vivre pour le comprendre et le ressentir.

En même temps c’est triste de se dire qu’on est attaché aux humains et à défaut de trop les aimer, on se laisse de côté. On se contente d’être payé avec des peanuts parce que le sourire et le bonheur des gens est plus payant. Mais notre santé mentale jusqu’à quel prix? Chaque résident avait leur manière à eux de te remercier, certains plus réservés que d’autres. Ceux qui te remerciaient à coup de caramel et ceux qui te remerciaient à coup de poignée de mains tendres. Ceux qui simplement hochent la tête avec toute la sincérité du monde. Ceux qui lâchaient un merci étouffé, mais qui avaient pris tout le courage du monde. Malgré tout je referais la même chose. Malgré tout, ce métier est formidable, mais faut juste pas avoir a faire le choix entre notre santé ou la leur…

Sandrine Demers
Sandrine Demershttp://lespaceurbain.com
Je suis une mamie assumée qui adore boire du thé pis porter des vestes de laines même à 30°. J'adore aussi la poésie et les p'tits gestes gentils.

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