Toutes ces fois de trop

La vague de dénonciation contre les agressions sexuelles de tout genre qui se passe sur le web actuellement m’a inspirée ceci.

C’est inspiré d’histoires de filles que je connais. Ou pas. De l’histoire de ta fille ou de ta sœur. Ou pas. D’histoires qui me sont arrivées à moi. Ou pas. Peut-être même à ta mère et ta femme. Ou pas. Mais une chose est sûre c’est que ces histoires sont réelles. Que tu le crois. Ou pas. Elles ont été racontées par des femmes mais sache que des hommes sont aussi victimes de ce genre d’agression. Maintenant à toi de lire. Ou pas.

Tu te rappelles le cœur en pleurs toutes ces fois où tu as eu peur de marcher seule dans la rue. Cette fois précise où t’as été suivie, où t’as cru mourir, même si c’était en plein après-midi. Ou la fois que t’as perdue une partie de ton être dans un verre de trop, agrémenté d’une petite pilule qui t’as fait oublié qui t’étais à la fin d’une soirée. Ou la fois où tu t’es encore fait pogner le cul parce que t’étais trop friendly avec le monsieur au bar. Bah quoi petite fille? On t’a pas appris qu’être gentille ça vient avec une bonne main aux fesses ou un frôlement de sein du revers de la main?

T’as appris à boire ta bière en bouteille avec le pouce sur le goulot, t’as appris que si tu dois rentrer à pied après une soirée, c’est un maudit bon moment pour courir et améliorer ton cardio. T’as appris à pas trop les regarder dans les yeux si tu veux pas te faire aborder. T’as appris à vivre avec, à faire comme si ça t’avais jamais affectée, mais tu me racontes les yeux pleins d’eau que t’es épuisée.

T’as 19 ans et tu décides de ne pas boire ce soir. T’es en camping et en bonne compagnie, tu regardes autour de toi et tu te sens ravie. La soirée avance, on t’offre une bière « nice merci! C’est gentil! ». T’as toujours eu le sommeil léger, un rien te réveille chaque nuit. C’est pour ça que tu comprends pas quand tu te réveilles cette fois-ci, avec une tête entre les jambes et une langue qui s’amuse là où tu ne l’aurais jamais permis. Tu comprends pas ce qui se passe, t’es mêlée, mais tu le sais que t’as pas envie que ça continue. Fack tu repousses la tête chevelue qui se trouve entre tes genoux, le gars s’en va en faisant la moue. Tu trouves même pas la force de restée éveillée, c’est pas normal et tu le sais. Tu sais pas combien de temps a passé pis y’a quelqu’un en train de te brasser, qui essaie de te frencher. Tu te dis « what the fuck esti, il a pas compris?! » MAIS NON ! C’est son ami qui s’est introduit dans ta tente pour tenter sa chance lui aussi. Heureusement, il quitte rapidement quand tu le repousses, confuses, apeurée, avec beaucoup trop de questions dans ton esprit. Tu te lèves à l’aube, terrorisée, te demandant si c’est bien arrivé, avec les 2 gars qui te saluent sur le terrain d’à côté. Tout ce que tu trouves à faire c’est de quitter ta tente pour le reste du séjour, certaine que t’as été droguée.

Là t’as pu 19 ans. Pis dans le fond c’est peut-être même pu toi, c’est peut-être une autre. Tu passes une soirée bien arrosée avec des amis. Tu te couches clairement trop affectée avec ton ami qui insiste un peu trop pour t’embrasser. T’as pas le gout pentoute mais en même temps l’alcool t’empêche un peu de t’exprimer. C’est ça ton dernier souvenir de la soirée. Un gars qui french mal en maudit pis toi qui es tannée. Tu t’es surement endormie là-dessus, shit happen. Le lendemain tu te réveilles et tu te remets les idées en place avec les mêmes personnes qui ont accompagnées ta soirée. T’as une douleur étrange dans le bas du ventre donc tu fais part discrètement et le gars te répond avec son sourire de gars qui a marqué « ah ouais cette nuit aussi t’avais mal, c’est surement lié » Et là tu te dis, avec aucun souvenir de ce qui s’est passé «Comment ça cette nuit? Qu’est-ce qui s’est passé? Dis-moi pas qu’il a osé alors que j’étais complètement bourrée. Il a bien dû voir que j’avais pas de réaction, qu’il aurait dû attendre au matin pour s’essayer dans un semblant de lucidité. » Mais tout ça tu le dis dans ta tête, parce que tes amis sont là et en fait tu te sens gênée. Tu le sais que ton « ami » s’est gâté et que tout ce qui tu en retires c’est de la honte et une douleur que tu peux pas expliquer.

C’est comme la fois dans la résidence étudiante où le gars insistait et tu disais « non » mais t’étais un peu trop sur le party pour physiquement résister. Fack tu l’a laissé t’entrainer dans sa chambre, par manque de force et de sobriété. Mais le gars en fait, il voulait juste se vider. Ce qu’il a fait avant de te laisser en plan, la porte ouverte pour que quelqu’un vienne te chercher. Tu te paies la honte et le lendemain tu veux rentrer dans le plancher. T’as comme le gout de lâcher l’école d’un coup, pour être sûr de plus jamais le recroiser. Il fait croire à tout ses petits copains qu’il t’a déviergé parce qu’il a trouvé un peu de sang sur ses draps. Tu deviens la risée d’une gang d’imbécile qui ont pas compris qu’un vagin qui a pas envie de se faire pénétrer peut laisser des traces sur leurs beaux draps satinés.  

Comme la majorité des victimes (homme ou femme), je sais que tu vas t’en relever, que t’as la force pour faire ta vie malgré ce bout de ton intégrité qui est partie gonfler les muscles d’un crotté en liberté. Je sais que t’arrives à vivre comme si tu avais oublié même si ce sera toujours quelque part, dans une boite enfouie pas aussi profond que tu l’aurais souhaité. Je le sais que tu voudras jamais en parler parce que criss que tu as honte que ça ait pu t’arriver. Je sais que ca va peut-être nuire à certaines de tes relations qui relèveront de l’intimité. J’espère que tu le sais que c’était pas mérité. Que c’est pas ça, ta destinée. J’espère que t’arriveras à faire confiance aux hommes extraordinaires qui croiseront sans aucun doute ta route. J’espère que tu sauras faire ton bout de chemin en laissant ça loin derrière toi, parce que c’est pas le genre de bagage qui vaut le coup d’être amené dans chacun de tes voyages.

J’espère que tu le sais que tu peux dénoncer. Ou pas. Que tu peux en parler. Ou pas.  J’espère surtout que t’as tout ce qu’il faut pour vivre ta vie pleinement malgré cette cicatrice qui parait pas, celle qui est bien là même si personne ne la voit.

Anabelle Pallagrossi
Anabelle Pallagrossihttp://lespaceurbain.com
Constamment à la recherche de nouveautés et de changements, je me nourris de passion, de rêves et de photographie (et d’un peu / pas mal d’impulsivité aussi). Je me décrirais comme étant une vieille âme qui déteste vieillir mais qui aime ce qu’elle devient avec le temps. L’un de mes plus grands rêves serait d’augmenter le nombre d’heures dans un journée afin d’avoir le temps de réaliser tous les autres !

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