À ceux qui viennent et qui vont

Jadis, je croyais que les gens que je fréquentais me permettaient de me réaliser. Je pensais que les amitiés que je bâtissais me définissaient, puisqu’elles me nourrissaient. Je me disais que je devais en faire ma priorité. Après tout, des amis, ça s’aime toujours plus longtemps. On a le beau des moments à partager, sans le laid qu’une chicane de couple peut engendrer. On a les soupers et les soirées, sans les doutes et les sacrifices. On a l’écoute et la sincérité, sans toutefois les feux d’artifices. On croit qu’on ne pourra pas tomber et s’écorcher. On n’a pas à panser ou à trop penser. On n’a pas à se séparer et à mettre fin à ce qu’on a un jour idéalisé. Mais je me suis trompée, sans pour autant me faire tromper.

La pilule est difficile à avaler, parce qu’il n’y a aucun remède pour les peines d’amitié. On ne peut pas utiliser de prescription toute faite pour tenter d’atténuer l’impact de nos mots (ou de nos maux). Les « Sans faute, on se voit bientôt » finissent par ne plus être efficaces. On se rend alors à l’évidence que le diagnostic n’est pas en notre faveur. Les aléas du temps, des préoccupations quotidiennes, des malentendus, des opinions contraires, de la vie à deux qui prend le dessus, des jobs respectives ou des déménagements se sont immiscés et ont commencé à tout ravager. Le pansement pour contrôler nos maux (ou nos mots) est expiré.

Jadis, je croyais que de laisser entrer quelqu’un dans mon monde signifiait que cette personne était là pour y rester. La vérité, c’est que les gens viennent, puis vont. Ils font la file dans l’espoir d’une intervention rapide. Ils patientent un peu, puis finissent par se dire qu’ils reviendront plus tard. Il n’y a pas d’urgence.

Je n’ai pas envie de les traiter tels des numéros, mais encore moins d’être là simplement pour leurs bobos. Maintenant, je priorise les habitués. Évidemment, de nouveaux visages viendront à l’occasion me visiter et je prendrai le temps de consulter leur dossier.

Désormais, je ne me guéris plus à grands coups de promesses, mais bien à petites doses d’amour propre. Je goûte enfin à ma médecine.

Crédit image à la une: Paranoideas sur Pixabay

Evelyne Chevrette
Evelyne Chevrettehttp://lespaceurbain.com
Je me laisse inspirer par les humains qui croisent ma route et les expériences qui me servent de références. Des fois, ça donne des petits textes cutes. Je prends plaisir à vous les partager, un matcha à la main et la caboche pleine de rêves.

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