Depuis que je suis travailleuse autonome, je me sens beaucoup plus libre, épanouie et un peu moins stressée, mais j’ai l’impression que comme dans tout chemin de carrière, on oublie souvent de parler du dark side. On fait miroiter que la vie d’entrepreneure, c’est tellement fulfilling, inspirant et satisfaisant que plusieurs se jettent dans la gueule du loup sans vraiment comprendre les enjeux majeurs de ce style de vie.
L’entrepreneuriat est possible dans différentes industries, mais si tu as la chance d’être dans le domaine du numérique, le bonheur ultime c’est que tu peux travailler de n’importe où. Tu peux voyager en travaillant ou te créer un bureau inspirant dans le confort de ton chez-toi. Tu peux écouter ta musique aussi forte que tu le souhaites sans écouteurs. Tu peux même mettre les chansons les plus quétaines qui soient si elles t’aident à rester motivée. Tu peux t’habiller comme tu veux, pyjama, linge mou, veston ou p’tite robe fancy, c’est comme tu le sens. Tant que tu es à l’aise et que ça te fait sentir bien, on s’en fout. Tu n’es pas obligée de te coiffer ou te maquiller tous les jours, et ça, ta face et tes cheveux tout comme ton portefeuille t’en seront vraiment reconnaissants! Tu peux faire une pause en plein milieu de la journée pour t’entraîner ou faire du yoga si ça te plaît et sans rendre de comptes à personne lorsque tes échéances sont respectées.
C’est aussi faire ta mini part pour l’environnement en réduisant ton apport de Co2 parce que tu n’as plus besoin de prendre la voiture ou le transport en commun tous les jours. Pis si tes clients te demandent de venir à leur bureau, tu rends tes transports productifs et tu n’y vas pas que pour une rencontre de 30 minutes qui pourrait simplement être un appel ou un courriel. Tu as une liberté de mouvement et de productivité et tu réalises plus facilement la valeur de ton temps. Tu fais ton horaire et tu peux décider de travailler quand tu sais que tu es plus efficace.
Être à son compte, c’est tous ces beaux avantages-là qui font l’envie de plusieurs « 9à5eux », mais c’est loin de se limiter à ces privilèges de liberté et de contrôle. Oh non! C’est aussi vivre dans le stress de trouver assez de clients au début, puis de les garder, les satisfaire, les faire grandir tout en t’assurant de te faire payer à temps. C’est demander (souvent) le respect de tes délais de paiement pour te faire prendre au sérieux même si ça nécessite d’avoir des conversations plates.
C’est vivre constamment dans la culture de l’urgence. Même quand tu prends de l’avance et que t’es méga organisée, il y en a toujours un qui va arriver avec une demande qui n’a pas d’allure et un délai qui fait encore moins de sens. C’est devoir faire respecter (poliment) que tu n’es pas à la disposition de tout le monde dans la seconde qui suit leur courriel parce que même si tu adores travailler avec eux, le monde ne tourne pas autour de leurs demandes et qu’ils ne sont pas tes seuls clients.
C’est aussi ne pas comprendre comment certains clients font pour survivre sans avoir un fonds de roulement et refuser des mandats parce que tu sais que tu vas encore courir après ton argent. C’est devoir expliquer à un client qu’une conversation d’une heure et demie où tu lui donnes des conseils professionnels pour l’aider, ça se paye, ce n’est pas du bénévolat. Vous êtes des partenaires d’affaires et quand tu prends de ton temps pour les conseiller, c’est certain que tu t’attends à être payée. Être à son compte, c’est apprendre à se fier à son intuition plus que jamais. Bien souvent, quand tu as un doute dès le début, il vaut mieux te fier à ton gut feeling pour éviter des collaborations moins agréables.
Être entrepreneure, c’est apprendre à arrêter de dire oui à des choses qui te font royalement chier parce que tu as peur de manquer d’argent. Je sais que je suis intense avec l’argent, mais une personne avertie en vaut 1000 et on ne se le cachera pas ton loyer, ton épicerie et ton électricité, ce n’est pas la bonne fée marraine qui va payer tout ça. Tu fournis une prestation de travail, tu es en droit de te faire payer dans le délai convenu sans avoir l’air d’un bébé gâté ou d’une ingrate. C’est juste la moindre des choses.
Être à son compte, c’est se garder du temps chaque semaine pour approcher de nouveaux clients avec qui tu vois du potentiel et qui sont alignés avec tes valeurs. C’est beaucoup d’énergie, d’organisation, de travail et de développement des affaires, mais au final c’est vraiment satisfaisant de faire quelque chose qui te motive réellement chaque jour. Ce n’est pas fait pour tout le monde. Il y a beaucoup de risques, il faut toujours être l’affût des opportunités et être consciente que c’est plus d’heures qu’un travail de 9 à 5 au début, mais si tu sens que c’est ta voie, lance-toi !
Être entrepreneure, c’est comme si tu n’arrêtais jamais de travailler. Tu as des idées en permanence et tu penses toujours à comment ton «bébé» pourrait évoluer tout en te permettant de vivre le style de vie dont tu rêves. Une entreprise, c’est un projet de vie, mais ce n’est pas TA vie. Tu es plus qu’une travailleuse et tu ne dois pas te sentir mal de prendre du temps pour toi et pour faire autre chose des fois. Ton entreprise ne s’en portera que mieux et ta santé, autant physique que mentale, aussi.
Si malgré tous ces p’tits irritants et inquiétudes, t’es heureuse et tu trippes, alors tu as choisi le bon mode de vie. La liberté, ça ne s’achète pas et l’argent ça stresse tout le monde, même les salariés. Le bonheur, c’est aussi beaucoup plus qu’un chiffre dans un compte de banque. C’est une attitude au quotidien, c’est un état de bien-être qui se ressent, qui se dégage et qui attire les bonnes personnes au bon moment. Être entrepreneure, c’est avoir des excellentes semaines et des plus poches aussi. C’est apprendre à accepter les fluctuations et arrêter de s’en vouloir ou de s’en mettre trop sur les épaules. C’est comprendre que ça vient avec le fait d’avoir choisi un mode de vie moins conventionnel. C’est voir les défis comme des chances de se renouveler. C’est se débrouiller et être en mode solution plus souvent qu’autrement. C’est devenir sa propre Wonderwoman.
You go girl!
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