La théorie du bonheur fuyant

Je me demandais quand j’allais savoir que j’allais être heureuse. Est-ce que quelqu’un allait m’envoyer un email ou un texto? Est-ce que quelqu’un allait me coller un petit post-it sur mon bureau pour me mettre au courant dans le plus subtile des mondes. Est-ce que quelqu’un de courtois allait me mettre la puce à l’oreille pour que j’arrête de chercher comme une perdue, une poule pas de tête le bonheur comme on cherche une aiguille dans une botte de foin de midi à quatorze heures? On va se l’dire, ça ne sert plus à rien de chercher désespérément le bonheur quand on l’a à portée de mains, dans nos mains. Puis, on ne peut pas vraiment démystifier qui il est parce qu’on nous a toujours dit d’être heureux, de vivre le bonheur et qu’il est contagieux, mais il ressemble à quoi au juste? C’est qui ça le bonheur? Les choses qu’on connaît qui sont contagieuses ne me semblent pas alléchantes et il m’en vient à douter du fait que ce serait le bonheur d’avoir la gastro et la grippe toute une vie.

Est-ce que le bonheur est grand, gringalet ou plutôt de taille moyenne? Est- ce qu’il est du genre à aimer s’habiller chic ou plutôt d’un style plus décontracté? Est-ce qu’il est poilu ou il est du genre à avoir la peau lisse qui ne pique pas quand on l’embrasse? Le bonheur aime-t-il les lundis matin et le trafic? Aime-t-il le café corsé et les factures salées?  Je me suis beaucoup questionnée sur le sujet.  J’en suis venue à dire qu’en essayant de trouver le bonheur, on passait free à côté. On se met même trop de pression à le trouver, ce qui nous rend malheureux et ce qui annule le but ultime de monsieur l’bonheur. Quand la dame ma souri à l’arrêt d’autobus gratuitement ce matin avec la joie au cœur, quand ma famille à remplie le salon à craquer à Noël à ne  plus savoir où ils allaient dormir, quand je me pouvais plus de rire dans la voiture, car ma sœur te swingnait ça sur Can I be Him, quand mes amies et moi avons fait une soirée fondue en pyjama pis que la simplicité et l’authenticité teintaient l’ambiance, quand mes parents me disent qu’ils m’aiment sur le fly, quand quelque chose me fait tirer un sourire et me fait faire de la chaleur dans le thorax c’est ça le bonheur, point final.

On se doit de cesser de chercher et commencer à enjoy la patante et entretenir ce petit bonheur.   Je pensais qu’il n’était pas encore arrivé, qu’il était surement pris dans le trafic ou qu’il avait d’autres chats à fouetter, mais c’était moi qui ne voyais pas clair qui avais de la brume dans les lunettes. On l’a le bonheur, il est là, mais on le laisse parfois filer parce qu’on ne croit pas vraiment le détenir ou le mériter. On doit prendre soin de notre bonheur. On doit l’entretenir, le traiter aux petits oignons. Il ne faut pas le prendre pour acquis, il faut lui montrer qu’on peut dealer avec pis bien se débrouiller. On doit lui montrer qu’on ne le mérite pas moins qu’un autre. Fais-toi une faveur et gère-toi l’bonheur. Il est là et il ne t’attendra pas bien longtemps, il fait froid dehors. Laisses le dont entrer, se réchauffer et d’une pierre deux coups te réconforter.

Sandrine Demers
Sandrine Demershttp://lespaceurbain.com
Je suis une mamie assumée qui adore boire du thé pis porter des vestes de laines même à 30°. J'adore aussi la poésie et les p'tits gestes gentils.

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